you can't think straight with an empty stomach (libre)

@pizza73.
Les semelles égratignaient les pavés. Scratch, scratch, scratch. Chaque pas s'ancraient dans les allées, la démarche lassée, peut-être même fatiguée. La pénombre s'installaient, couvraient les rayons du soleil tandis que la nitescence lunaire les remplaçait. La brise, fraîche mais douce, glissait sur les pommettes rougies par le froid. Instinctivement, il logeait son menton et son nez dans l'écharpe qu'il avait enroulé autour de son cou. Il sentait le rhume arriver, il sentait l'once de maladie se manifester. Sûrement un gosse, un énième parmi tous ces autres qui lui avait refilé un microbe bénin mais coriace. Vince, quand il n'avait pas le temps de faire à cuisine pour le dîner, il prévenait sa fille de faire comme elle le souhaitait et généralement, c'est dehors qu'elle allait grignoter. Vince faisait de même, mais de son côté. Combien de fois lui avait-on dit qu'il fallait qu'il laisse sa gamine respirer, prendre un peu de liberté ? Il ne les comptait plus et quand bien même acquiesçait à chaque remarque sur le sujet, ne pouvait s'empêcher d'avoir cet élan protecteur envers elle. Tant bien que mal néanmoins, il écoutait réellement les conseils et prenait du recul. Il ne serait pas toujours là, à ses côtés et là était le problème. Il avait si peu profiter de l'enfance de Fidji, des instants où sa première femme Anya était encore en vie, qu'il se disait que chaque instant passé sans elle était une perte qu'il ne pourrait jamais récupérer. Un soupir, un tantième, il poussa la porte de la bâtisse d'où les effluves alléchantes s'échappaient. Au comptoir, il commanda une pizza avec des frites. La même commande, habituelle et redondante mais dont jamais il ne se lassait. Une quatre fromages où on y rajoutait bacon, oignons et cheddar. Un vrai truc pour terminer avec les artères défoncées et bouchées. En attendant, il s'installa à une table qu'il désigna à l'un des serveurs pour qu'il le repère et attendit que sa commande soit prête et amenée à lui. Il sortit son portable de sa poche et commença à feuilleter les nouvelles qui avaient pu se dérouler ici et dans le monde. Sans relever le menton, il remercia l'individu qui lui apporta sa mal-bouffe et resta une poignée d'instants de plus, les abysses rivées sur l'écran du téléphone. Quand il détourna son attention pour profiter d'un repas des plus gastronomiques, il fronça les sourcils. Certes, il y avait les frites et c'était parfait. Mais... « Sérieusement, une pizza avec une tonne de légumes et deux, trois morceaux de viandes ?! » Sa commande avait dû être confondue avec une autre. Alors, en plissant légèrement les paupières, il balaya la salle à la recherche de l'individu qui se retrouvait avec son plat.