i'll be there for you (w/ azée)

Ce soir, Nikki avait décidé de consacrer sa soirée à Azée, sa meilleure amie, sa sœur, l'une des rares filles qu'elle supportait au quotidien. Ça faisait déjà vingt ans que les deux jeunes femmes étaient devenues amies, si bien qu'il n'y avait rien qu'elles ne sachent l'une de l'autre. Plantée devant son miroir, Nikki fait défiler les tenues en soupirant, il n'y avait rien de plus compliqué que de trouver comment s'habiller -en fait si mais dans la tête d'une fille c'était toujours la chose la plus compliquée-. Un pantalon, puis un deuxième, une jupe, une robe et c'est finalement en soulevant le tas de vêtements posé sur son lit que Nikki met la main sur une combi-pantalon qui fera parfaitement l'affaire. Elle l'enfile, y ajoute une paire de talons et ébouriffe ses cheveux, le tour est joué. Rapidement elle jette un coup d’œil à son téléphone pour vérifier que Azée n'a pas voulu annuler, parfait, elle l'avait convaincue de sortir quand même, c'était pas un mal de ventre qui allait les arrêter. Une dernière touche de rouge à lèvres et Nikki enfile sa veste avant d'attraper sa pochette où elle glisse son téléphone et ses clés de voitures. Je me tire les nazes ! Lance-t-elle à l'égard de ses colocataires avant de claquer la porte de l'appartement. Elle descend les escaliers et se retrouve très vite à rouler dans les rues de la ville. En moins de cinq minutes elle arrive devant le pub et une fois garée, elle pousse la porte, espérant y retrouver sa meilleure amie. Raté, aucune trace de Azée, pour une fois c'est Nikki qui arrive la première et elle ne manquera pas de lui rappeler jusqu'à la fin de ses jours. Elle s'installe à une table vers les fenêtres, attendant patiemment que son amie arrive.

Azée lâcha un énième soupir en observant son reflet dans le miroir. Non vraiment, son ventre la faisait souffrir et elle n’était pas du genre à dramatiser les petits bobos du quotidien. Elle préparait sûrement une vilaine gastro, et ce serait la moindre des choses que Nikki l’attrape aussi. Pour la peine, Azée passerait la soirée à la toucher et à boire dans son verre. Courageusement malgré le peu d’envie qu’elle avait de sortir, elle enfila une robe moulante et courte noire à manches longues, des escarpins et tenta de masquer la mine affreuse qu’elle se traînait – elle devait définitivement préparer la gastro – sous un maquillage léger, en vain. De toute façon, elle était bien décidée à ne boire qu’un verre et rentrer chez elle, peu importe les supplications de Nicola d’éterniser la soirée [...]  « Bonsoir poupée. C’est triste une aussi jolie fille qui boit seule, j’peux t’offrir un verre ? » lança-t-elle d’un air macho et feint en se plantant devant Nikki, assise seule à une table. Elle était arrivée juste attend, vu les regards curieux que lançaient un groupe d’hommes un peu plus loin à la jolie brune. Elle se pencha vers son amie pour déposer ses lèvres sur sa joue – première étape vers la contamination – et s’assit en face d’elle.  « Désolée, au final c’est moi qui suis en retard. J’ai cherché une pharmacie encore ouverte à cette heure-ci, au passage. » dit-elle d’un air contrit. Elle fit signe à la serveuse qui, à force de les voir ici toutes les deux, les connaissait par coeur. Azée n’eut même pas besoin de commander que déjà, la jeune femme débitait le nom des boissons qu’elles prenaient toujours en premier, et Azée confirma avec un sourire poli.  Les verres déposés devant elles, la jeune femme s’en empara et leva le sien vers celui de Nikki pour trinquer.  « A notre courte soirée entre filles. » Histoire de lui rappeler qu’elle ne comptait pas y passer trop longtemps. Pas par manque d’envie, parce qu’elle avait vraiment mal. Azée ne manquait une soirée pour rien au monde, en règle générale.  « Alors, quoi de neuf ? Comment ça va avec tes colocataires ? » Un sourire complice naquit sur ses lèvres. Parce que les colocataires de Nicola étaient sacrément sexy, on allait pas se mentir. Elle porta son verre à ses lèvres dans l’attente de sa réponse.

Bonsoir poupée. C’est triste une aussi jolie fille qui boit seule, j’peux t’offrir un verre ? La douce voix de sa meilleure amie glisse à ses oreilles et un sourire étire ses lèvres. Je sais pas tu crois que t'es à la hauteur pour passer la soirée avec moi ? Lâche-t-elle tandis qu'Azée pose ses lèvres sur sa joue.  Désolée, au final c’est moi qui suis en retard. J’ai cherché une pharmacie encore ouverte à cette heure-ci, au passage. Nikki lève les yeux vers elle, elle semble vraiment patraque, le teint blafard et des cernes sous les yeux. A notre courte soirée entre filles. Nikki serait presque inquiète, Azée c'est pas vraiment le genre à se plaindre pour rien. Si tu te sens vraiment mal on rentre et on regarde un film hein. Elle avale une gorgée de son verre après avoir trinqué avec la brune. A nous, les plus belles, les meilleures ! Lâche-t-elle sur le ton de la rigolade, enfin pas tant que ça, Nikki était vraiment persuadée qu'elles étaient les meilleures toute les deux. Alors, quoi de neuf ? Comment ça va avec tes colocataires ? Elle avale une deuxième gorgée de son verre avant d'apercevoir le sourire qui s'est dessiné sur les lèvres d'Azée. Ça va, ils t'intéressent mes colocataires ? Elle lui lance un clin d’œil avant de porter une nouvelle fois son verre à ses lèvres. Ou tu veux juste me tirer les vers du nez par rapport à Sven ? Demande-t-elle à son tour, un sourire malicieux accroché aux lèvres.

Après avoir haussé les épaules pour signifier que ça allait et qu’elle pouvait boire un verre – ou deux – tranquillement et rentrer après, puis levé les yeux au ciel, offusquée d’avoir été découverte aussi vite, Azée lâcha un rire amusé.  « Tu me connais trop bien, c’est effrayant. » La jeune femme sirota son verre en se massant le ventre de sa main libre, regard clair rivé vers celui, plus sombre, de Nikki.  « Alors, vous en êtes où tous les deux ? » Il y avait peu de choses dont elles ne parlaient pas. Après vingt ans, elles n’avaient plus aucun tabou l’une pour l’autre. Azée ne comptait plus les fois où elles s’étaient vues dans le plus simple appareil, étaient allées aux toilettes la porte ouverte pour continuer à discuter sans gêne, ce genre de chose qu’on ne faisait qu’avec les amies les plus proches et intimes – en l’occurrence, qu’avec Nicola Lyons. Elle était comme une sœur, comme une moitié dont elle avait été séparée à la naissance. Pas étonnant qu’Azée n’ait pas besoin d’homme ou de femme dans sa vie, cette fille lui suffisait largement en terme de rapports humains. Le sexe en moins, bien sûr. Prise de vertige, Azée tenta de ne rien en montrer et posa son menton sur la paume de sa main pour prendre appui et ne pas flancher. Son teint livide dut, en revanche, trahir son malaise. Aussi décida-t-elle de continuer à parler comme si de rien n’était pour ne pas l’inquiéter davantage. Inutile que Nicola s’inquiète autant qu’elle commençait à s’inquiéter pour elle-même. Ce n’était pas naturel, comme douleur. Trop centré pour être une crise d’appendicite, trop violent pour une gastro. Et si c’était un cancer ?  « Tu peux rien me cacher, je suis en manque d’histoires croustillantes en ce moment. Mon boulot est chiant à mourir. Tout le monde a la crève, les gens sont pas aussi fun en hiver. Raconte-moi ta semaine. » Ses doigts posés sur son ventre se refermèrent autour de l’étoffe de sa robe et Azée prit appui contre la table pour ne rien montrer.  « Ah et puis, il va falloir qu’on aille faire du shopping pour noël aussi un de ces jours. » Toutes les distractions étaient bonnes pour ne pas penser à la mort proche qui l’attendait sûrement.

Tu me connais trop bien, c’est effrayant. C'était certain, Nikki connaissait Azée plus qu'elle ne se connaissait elle-même, plus qu'elle ne connaissait quiconque. Alors, vous en êtes où tous les deux ? Elle hausse les épaules, y a pas grand chose à raconter en fait. Nul part, on est juste amis tout les deux, des colocataires quoi. Elle sent le regard insistant d'Azée sur elle tandis qu'elle sirote son verre. Des colocataires qui couchent ensemble de temps en temps pour se rendre service. Je te jure que tout est clair entre nous. Elle sait pertinemment qu'Azée s'inquiète, Nikki aurait fait pareil à sa place. Mais il n'y avait vraiment rien entre eux, rien de plus qu'une sorte d'amitié améliorée, elle l'aimait énormément certes, mais comme un ami. Tu peux rien me cacher, je suis en manque d’histoires croustillantes en ce moment. Mon boulot est chiant à mourir. Tout le monde a la crève, les gens sont pas aussi fun en hiver. Raconte-moi ta semaine. A mesure que la conversation avance, Nikki se rend bien compte que quelque chose ne va pas avec Azée, elle a vraiment pas l'air bien, à la limite du malaise et la jeune femme est de plus en plus inquiète. Tout en faisant signe à la serveuse de leur ramener la même chose, elle prend quand même le temps de lui répondre. Rien de bien palpitant, j'ai écrit deux chapitres cette semaine, je sèche pour la suite et je sais pas comment je vais faire.. Mais beaucoup trop préoccupée par l'état de sa meilleure amie, Nikki n'écoute même pas la suite et pose sa main sur celle de la brune. Az t'es sûre que ça va t'as vraiment pas l'air bien ? Elle fait signe une nouvelle fois à la serveuse qui s'approche de la table. Amenez-moi un verre d'eau s'il vous plait. Elle est plutôt sèche mais on repassera pour le sourire poli, elle était trop absorbée par Azée.

 « Oui oui ! » assura-t-elle en ricanant de façon presque hystérique. La sueur commençait à perler dans son cou et son front. Azée avait la désagréable impression que tous les regards étaient rivés vers elle – et c’était le cas. La serveuse se précipita vers elles avec un verre d’eau que la jeune femme but d’une traite.  « Ok … En fait … Ca ne va pas du tout ... » avoua-t-elle finalement, résignée à laisser sa fierté de côté pour prendre soin de sa santé. C’était peut-être un peu grave, après tout. Elle déclara qu’elle avait besoin de prendre l’air et se leva trop vite ; ce fut le coup de grâce pour Azée qui s’évanouit. […] Elle rouvrit doucement les yeux. La pièce était d’un blanc immaculé, une odeur de médicament flottait dans l’air et elle avait la gorge sèche. L’incessant bip de l’électrocardiogramme lui fila la migraine. La demoiselle posa ses yeux émeraudes sur Nikki, assise sur une chaise à côté de son lit.  « Hé, beauté. » lança-t-elle d’une voix faible. Sa main sortit du drap dans l’espoir que Nicola la prenne dans la sienne. L’appréhension lui serrait le coeur. Heureusement, la douleur avait largement diminué.   « Je suis désolée, vraiment. On était censées passer une bonne soirée, et ... » Et elle avait tout gâché, parce qu’elle ne s’était pas soignée à temps. Voilà qu’elles se retrouvaient toutes les deux ici, maintenant, au lieu de boire un verre et se raconter leurs vies en lançant des oeillades coquines aux beaux spécimens de la pièce.  « Tu vas bien ? Il doit être tard, si tu veux rentrer chez toi, ne t’en fais pas pour moi. » murmura Azée en se tournant sur le flanc pour lui faire face. Elle ne voulait pas savoir si elle-même allait bien. Elle n’était pas sûre de vouloir savoir ce qu’il s’était passé entre temps. Si les médecins avaient dit quoi que ce soit ou attendaient son réveil. Combien de temps s’était écoulé, même.

Ok … En fait … Ça ne va pas du tout ... Azée est de plus en plus pâle et Nicola commence à paniquer, si bien qu'elle se met à hurler sur toutes les personnes qui se trouvent autour d'elle. Appelez une ambulance, vous voyez bien que ça va pas. La scène se déroule très vite et Azée s'écroule sur le sol, rattrapée in extremis pas Nikki. Le temps semble long et quand les secours arrivent enfin, la brune a l'impression que son amie est dans les vapes depuis des heures. Est-ce qu'elle va bien ? Elle est complètement paniquée, l'un des secouristes acquiesce. Tout va bien se passer mademoiselle, votre amie n'est pas en danger. Même si elle sait qu'il essaie de la rassurer, elle n'est pas convaincue. [...]
Une fois à l'hôpital, des tonnes de médecins en tout genre se ruent sur le brancard et ils s'enferment dans une chambre, laissant Nikki attendre devant la porte. Quand elle se rouvre enfin une heure plus tard, une femme d'une cinquantaine d'années, les cheveux roux flamboyants vient se poster devant la jeune femme. Je suis le docteur Johns, votre amie va bien, au premier coup d’œil il semble que ce soit une chute de tension. Nikki soupire de soulagement mais la rousse ne semble pas avoir fini, elle se gratte la nuque, semble chercher ses mots ce qui fait remonter la pression chez Nikki. C'est quoi le problème ? Elle l'agresse presque, tendue, impatiente, elle n'a jamais aimé qu'on la fasse attendre Nikki. Vous saviez que votre amie était enceinte ?Quoi ? Enceinte ? Mais de qui ? Comment ? Pourquoi elle ne lui a pas dit ? C'est ce qu'on appelle un déni de grossesse, si nos calculs sont exacts, l'accouchement est prévu pour le mois prochain. Elle comprend plus rien Nikki, un déni de grossesse ? Le mois prochain ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Les derniers médecins encore dans la chambre finissent par sortir et Nicola peut enfin aller voir Azée, elle se dirige directement vers le fauteuil et le rapproche du lit, gardant les yeux fixés sur sa meilleure amie. Quand ses paupières s'ouvrent enfin, Nikki saisit la main qu'elle lui tend. Je suis désolée, vraiment. On était censées passer une bonne soirée, et ... Elle pose sa main sur la sienne et lui sourit, soulagée. J'te pardonne, mais ne me fait plus jamais ça, j'ai eu la peur de ma vie. Les mots du médecin lui trottent dans la tête, si bien qu'elle est absente durant quelques minutes, comment annoncer à Azée qu'elle allait être maman. Azée, maman, ça paraissait un peu compliqué à avaler. Tu vas bien ? Il doit être tard, si tu veux rentrer chez toi, ne t’en fais pas pour moi. Elle plonge ses yeux dans ceux de sa meilleure amie et remue la tête. Jamais de la vie, je reste, on avait dit qu'on passait la soirée ensemble, on passe la soirée ensemble. Elle lui sourit une nouvelle fois, pour la rassurer et pour se rassurer elle-même sûrement. Tu te sens mieux ? T'as plus mal ? Elle veut d'abord être sûre que tout va bien avant de lui dire, ou peut-être qu'elle essaie de gagner du temps parce qu'elle ne sait pas vraiment comment lui annoncer. Son regard dévie sur son ventre et elle a presque l'impression qu'il a grossit, il y a un bébé à l'intérieur, une petite fille ou un petit garçon, un joli petit bébé.

Est-ce que … Les médecins ont dit quelque chose ? Si c'est un cancer, je démissionne et je te paye un tour du monde. On ira dans des endroits qui te donneront envie d'écrire, et tu pourras finir ton roman. Nikki aurait presque eu envie de rire si Azée n'avait été aussi paniquée, elle avait le don pour toujours dramatiser ce qui était toujours sujet à des blagues de la part de Nicola. Pourtant là, elle sentait bien que sa meilleure amie avait vraiment peur et c'est lorsqu'elle vit une larme rouler sur sa joue que la brune se leva pour venir s'allonger à côté d'Azée, la poussant un peu au passage. J'veux pas mourir. Est-ce que je vais mourir, Nikki ? Elle se tourne vers elle et passe une main dans ses cheveux pour tenter de l'aider à se calmer. Tu vas pas mourir Az, t'es pas malade je te le promets c'était juste une baisse de tension, rien qui ne puisse tuer la grande Azée Kinsley. Un sourire étire ses lèvres tandis qu'elle réfléchit à comment lui annoncer qu'elle est enceinte de huit mois. J'ai trop besoin de toi, et je suis pas la seule.. Elle inspire un grand coup et commence à se triturer les doigts. D'abord, il faut que tu saches que je serais là pour toi, pour t'aider, te soutenir ou pour tout ce que tu veux, je serais toujours là, d'accord ? Elle attend pas vraiment de réponse, c'est pas le moment de la couper dans son élan avec ce qu'elle s'apprête à lui dire. En fait si t'as fait ce malaise c'est parce que.. t'es enceinte. Elle a presque chuchoté les derniers mots, si bien qu'elle n'est pas certaine que sa meilleure ami l'ait entendue alors elle se redresse légèrement, sourire bienveillant qui se veut rassurant accroché aux lèvres. Tu vas avoir un bébé ma jolie Azée. On va attendre un peu qu'elle encaisse pour lui dire que le fameux bébé arrive le mois prochain, Nikki plonge ses yeux dans les siens pour sonder son esprit, pour essayer de savoir ce qu'il se passe dans sa tête, elle se doute bien que ça doit faire un choc parce qu'elle même n'arrive toujours pas à croire ce qu'il se passe.