(alva) i need to talk

Après l’accident, on m’avait conseillé de voir une thérapeute afin d’arriver à vaincre mon traumatisme. On s’entend que j’avais été témoin indirectement de leur mort, comme j’étais au téléphone avec eux quelques minutes avant l’accident en train de me disputer concernant leur absence. Comme je me sentais coupable, je n’arrivais pas à passer à autres chose. Malgré ce que tout le monde me disait je n’y arrivais pas. Ma première rencontre avec Alva fut finalement assez sympa. Elle n’était pas du genre à rester assise devant moi à prendre des notes alors que je faisais toute la conversation. Non, avec elle s’était interactif. C’était peut-être dû à son jeune âge que le courant passait bien, mais je dois dire que j’aimais bien venir la voir. Elle était comme une confidente. Même si je n’avais pas de rendez-vous, je lui avais demandé si je pouvais passer, car j’avais vraiment besoin de lui parler. En arrivant dans son nouveau cabinet, j’attendis dans le couloir qu’elle vienne me chercher. Je ne voulais quand même pas la déranger alors qu’elle était en séance.

you need to talk.
alva, amélia - cabinet d'alva

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Ma main serre cette petite balle rebondissante rouge, je la lance, elle revient, puis je la lance et elle revient. Installée les pieds sur mon bureau, le mur d'en face est plus loin, mais je vise bien. Je réfléchis, je me trifouille les méninges. Dans la pièce on entend seulement le clap de la balle qui s'écrase toutes les deux secondes contre le mur. Un soupire vient s'ajouter au tableau silencieux. Et puis le téléphone sonne, j'ai failli tomber de mon siège en sursautant. Je rattrape la balle, la dépose et je réponds. L'un de mes patients m'informe qu'il ne viendra pas car j'ai réussi à le décider à partir en vacances avec le reste de sa famille. Victoire pour moi ! [...]
J'ai eu plusieurs patients, le temps est vite passé, je n'ai sans doute même pas pris plus de trente minutes pour déjeuner ce midi. Ma journée se termine dans deux heures, mais finalement je savais que j'allais rester encore enfermée dans mon bureau jusqu'à ce que la nuit tombe. Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas sentir le vide qui m'entoure quand je passe ma porte d'entrée. La psychiatre a t-elle de petits soucis ? Sans doute ! Mais bien trop fière, et préférant me préoccuper des autres, je préfère ne pas m'attarder trop longtemps sur mon cas.
Ma secrétaire m'informe qu'Amélia Turner est venue, je sais bien qu'elle n'a aucun rendez-vous, mais je lui avais dit de passer dès qu'elle voulait. C'est comme ça que j'arrive à être surchargée de travail. Je termine avec mon patient, je le raccompagne jusqu'à la porte de sortie en le saluant. Je tourne le pas vers Amélia, lui offrant un sourire et une poignée de main.
- Allons nous installer, tu désires quelque chose à boire ?
Des règles d'or, j'instaure le tutoiement avec mes patients qui en ont l'envie, et pour détendre j'offre à boire ou des gâteaux.

Dans la salle d’attente du cabinet d’Alva, je fais les cents pas. Trop de choses tournent dans ma tête et j’ai l’impression qu’elle va exploser. Comment une jeune adolescente comme moi pouvait vivre autant de chose à un si jeune âge. « Jeune fille, assoyez-vous, vous m’étourdissez ! » Je me retournai vers la secrétaire avec un sourire gêné. Je m’excusai auprès d’elle et m’installa finalement sur une chaise, attendant qu’Alva soit disponible. J’aimais bien discuter avec elle, c’était facile. Bon j’avoue, elle est payée pour ça, mais avec elle, j’avais l’impression de parler comme à une sœur. C’était très simple et j’arrivais à sourire. Elle avait toujours les mots justes pour me remonter le moral. Je voyais bien que pour elle j’étais plus qu’une simple patiente. Après quelques minutes, la porte du bureau s’ouvrit finalement laissant place à un patient et Alva. Je me levai et me dirigea vers elle, lorsqu’elle me fit signe. Arrivée à sa hauteur, je lui serrai la main et entra. « Allons-nous installer, tu désires quelque chose à boire ? » Je m’installa donc sur un fauteuil comme elle m’informa. « Je veux bien un verre d’eau, s’il te plait » J’attendis qu’elle me serve mon verre, puis je commença à déballer mon sac. « On vient de m’annoncer que j’allais vivre avec ma tante Juliette, mais je la connais pas et puis, maman m’a toujours dit qu’elle était femme de carrière. Pourquoi elle l’a choisi pour s’occuper de moi, pourquoi ce n’est pas mon grand-père ou encore quelqu’un de la famille Turner ? » En fait, c’était pas vraiment pour parler que j’étais ici, parce que j’avais déjà tous les réponse depuis le temps, mais j’avais simplement besoin de passer du temps avec Alva.

you need to talk.
alva, amélia - cabinet d'alva

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J'accueille Amélia, je la mets directement à l'aise dans mon bureau. Lorsque mes patients viennent j'ai envie qu'ils en ressortent avec de l'apaisement, mais surtout qu'ils aient envie de revenir pour se délivrer à nouveau des tracas qu'ils ont. Je lui tends son verre d'eau. Je n'ai le temps de dire ouf, qu'elle commence déjà à déballer son sac.
- On vient de m’annoncer que j’allais vivre avec ma tante Juliette, mais je la connais pas et puis, maman m’a toujours dit qu’elle était femme de carrière. Pourquoi elle l’a choisi pour s’occuper de moi, pourquoi ce n’est pas mon grand-père ou encore quelqu’un de la famille Turner ?
Je l'écoute attentivement, et puis je fais les liens dans mon esprit. Juliette, cette Juliette je la connais, il s'agit de l'une de mes meilleures amies. Je ne fais mine de rien, ma vie privée et professionnelle ne doivent en aucun cas se mélanger, même si parfois cette règle est mise de côté.
- Une fois que tu la découvriras, tu comprendras certainement le choix de ta mère. Détends-toi face à cette situation, ne laisse pas les pourquoi t'envahir.
Je m'installe face à elle, elle a vraiment besoin d'être écouté, sa vie n'est absolument pas simple. A chaque fois, je tente de me mettre à sa place pour comprendre son ressenti.
- Pour te sentir bien avec elle, tu devrais chercher des points communs que vous avez, partager des moments en rapport avec ça ? Sentir que tu as des similitudes avec elle, cela t'aidera peut-être à te sentir plus à l'aise avec elle.

J’avais certes besoin d’évacuer tout ce que j’avais à l’intérieur de moi, mais j’avais aussi besoin d’une chose encore plus importante. Me faire dire ce que je ne voulais pas attendre. Que je devais passer à autre chose, que je devais aller une chance à Juliette de faire partie de ma vie et surtout d’apprendre à la connaitre. Que ma mère avait surement une bonne raison de l’avoir choisi pour être ma tutrice légale. Bref, ce que je ne voulais pas accepter. C’est pourquoi je venais voir Alva. Seule elle arrivait à me faire accepter. Parler avec elle, c’était comme parler avec une sœur, que je n’avais malheureusement jamais eu. C’était tellement facile de me laisser emporter, que je m’en rendis compte qu’une fois terminée. Je souris bêtement à Alva et bu une gorgée de mon verre d’eau. C’est après ma petite pause qu’elle commença à parler ; « Une fois que tu la découvriras, tu comprendras certainement le choix de ta mère. Détends-toi face à cette situation, ne laisse pas les pourquoi t'envahir. » Bien sûr qu’elle avait une raison, mais pourquoi de pas le dire dans son testament ? Comment je faisais moi pour le découvrir… « Pour te sentir bien avec elle, tu devrais chercher des points communs que vous avez, partager des moments en rapport avec ça ? Sentir que tu as des similitudes avec elle, cela t'aidera peut-être à te sentir plus à l'aise avec elle. Voilà donc les mots que j’attendais. Je savais tout ça, mais c’était comme si j’arrivais seulement à les comprends et les accepter lorsque c’était Alva qui me le disait. « Je sais… Mais c’est juste que je ne sais pas comment m’y prendre avec elle… Comment créer le premier contact. »

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alva, amélia - cabinet d'alva

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Tous les jours, je dois analyser les gens, alors au plus profond, découvrir le ressentiment qu'ils ont, j'essais dans le plus souvent des cas percevoir ce qu'ils cachent au fond d'eux, car très rarement les gens qui viennent me voir sont perdus, ils ne savent plus gérer les émotions qu'ils ont en eux. Amélia n'est pas la plus compliquée, c'est une jeune adolescente en détresse qui vient de vivre une tragédie, qui cherche de multiples réponses à ses questions.
- Je sais… Mais c’est juste que je ne sais pas comment m’y prendre avec elle… Comment créer le premier contact.
- Fais quelque chose de simple, propose lui une sortie au cinéma, manger une glace quelque part, ou pourquoi pas rester à la maison devant un film un peu cul-cul romantique.
J'avais un avantage, je connaissais Juliette, je savais qu'elle n'était absolument pas compliquée, cette femme incarne la simplicité selon moi, elle adore rire d'un rien, elle ne juge pas les gens.

J’avais maintenant retrouvé mon calme. Comme j’avais tout extériorisé ce qui me causait tant de soucis en ce moment, je me sentais mieux et surtout libéré, délivré. Eh oui, j’adore « Frozen » et alors ! J’écoutai attentivement Alva me proposer ses idées sur comment je pourrais faire le premier pas vers ma tante. Pourquoi je devais le faire ? Déjà, elle n’avait pas l’air enchanté de m’avoir avec elle et en plus, elle travaillait pratiquement toujours comment pouvait-elle s’occuper d’une adolescente de dix-sept ans. « Fais quelque chose de simple, propose lui une sortie au cinéma, manger une glace quelque part, ou pourquoi pas rester à la maison devant un film un peu cul-cul romantique. » elle avait de bonne idée, mais d’un côté, je sais pas, peut-être que j’avais peur qu’elle me rejette parce que je ressemblais à maman ? Je sais que grand-père me l’avait souvent dit, que je ressemblais énormément à ma mère. C’était peut-être pour ça aussi que ma tante avait du mal avec moi. Enfin peut-être, comment pourrais-je le savoir si je n’entamais pas la conversation. « C’est vrai qu’avec un truc simple, ça pourrait le faire. Faut juste arriver à trouver le bon moment. Elle est toujours au boulot ou alors ailleurs. Je suis souvent seule à la maison et parfois je m’ennuie. »

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alva, amélia - cabinet d'alva

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- C’est vrai qu’avec un truc simple, ça pourrait le faire. Faut juste arriver à trouver le bon moment. Elle est toujours au boulot ou alors ailleurs. Je suis souvent seule à la maison et parfois je m’ennuie.
- Laisse-lui un mot, ou dès que tu la croises, tente de fixer un rendez-vous, peut-être qu'elle est aussi mal de vivre cette situation, qu'elle ne sait pas comment vivre cet événement, alors elle fuit le problème, plutôt que d'affronter.
Je lui souriais, ce n'était pas simple, si je le pouvais j'en parlerai certainement à Juliette, mais je devais m'en tenir à ce secret professionnel, je n'avais pas à parler de ressenti d'Amélia, cela ne devait pas sortir de ce bureau.
- Tu devrais sortir, voir des amis, ce n'est pas bon pour ton moral de rester enfermer dans une maison et t'ennuyer.
D'accord, c'est moi qui osait dire ça, alors que la plupart du temps je suis enfermée chez moi et que je n'ai pas fait quelque chose de dingue depuis des mois et pourtant je n'ai que vingt-six ans.